Re-appropriation Framework (RAF)

Un cadre pour une autonomie partagée et une réappropriation collective

Qu’est-ce que le RAF ?

Le Re-appropriation Framework (RAF) est une référence pratique et éthique conçue pour aider les organisations, les institutions et les communautés à reprendre la main sur les dimensions clés de leurs activités, de leurs environnements et de leur vie plus largement.

Il offre un langage commun et une structure de coordination qui soutiennent à la fois les organisations existantes et les initiatives émergentes dans leur effort pour s’aligner sur un objectif partagé, renforcer l’autonomie humaine au sein de systèmes justes, durables et résilients. Le RAF se présente ainsi comme un outil de transition collective : un cadre qui permet à des individus, des groupes et des institutions de traverser ensemble un changement nécessaire vers des systèmes plus autonomes, plus résilients et plus justes, en commençant par le niveau local.

Le RAF vise à

  • Reconnecter les personnes avec leur capacité à agir de manière significative dans leur environnement local.
  • Identifier et fédérer les acteurs positifs du changement.
  • Encourager la collaboration entre organisations, disciplines et territoires.
  • Construire des capacités partagées, une intelligence collective et des trajectoires concrètes de transformation positive.
  • Développer des systèmes distribués et résilients qui autonomisent sans concentrer le pouvoir.
  • Restaurer l’équilibre entre autonomie et entraide.
  • Garantir que les groupes peuvent répliquer, adapter et étendre ce cadre tout en préservant son intégrité.

Principes fondamentaux

Le RAF soutient le changement par deux approches complémentaires, d’une part en construisant des alternatives concrètes locales et d’autre part en améliorant les institutions existantes quand cela est possible. Ces principes visent à garantir que la transformation reste ambitieuse, juste, évolutive et bénéfique pour les organisations, les communautés et la société dans son ensemble. Le RAF se veut un instrument d’évolution partagée plutôt qu’un simple cadre organisationnel.

1. Fédération

La fédération permet à des groupes autonomes de coopérer sans perdre leur indépendance.

Elle fonctionne par une coordination volontaire, distribuée et non hiérarchique.

Elle renforce la portée collective tout en préservant l’autonomie de chaque groupe.

2. Subsidiarité et démocratie

La subsidiarité garantit que les décisions sont prises au plus près des personnes concernées.

Elle fonctionne en mobilisant les niveaux supérieurs uniquement lorsque l’enjeu dépasse les capacités locales.

Elle protège l’intégrité démocratique en évitant la captation du pouvoir et en assurant une participation réelle.

3. Gestion des communs

La gestion des communs protège les ressources essentielles partagées par les communautés.

Elle fonctionne grâce à des règles claires et une gouvernance collective adaptée au contexte local.

Elle garantit la résilience, empêche l’appropriation et préserve ces ressources pour l’avenir.

4. Solidarité, attention et dignité humaine

Ce principe place le bien-être, le temps et les relations humaines au cœur de l’action collective.

Il fonctionne grâce à des mécanismes de soutien mutuel et de redistribution non dépendante.

Il assure une transformation équitable et humaine, orientée vers le bien commun.

Les sept domaines de la réappropriation

Ces sept domaines représentent des champs clés dans lesquels la réappropriation doit avoir lieu. Ils constituent une carte générale plutôt qu’une liste exhaustive, chaque groupe ou initiative peut se concentrer sur les domaines les plus pertinents pour sa mission, son contexte et ses capacités. L’objectif est la clarté et la cohérence, non l’exhaustivité.

  1. Existentiel : défendre la dignité humaine, la vie, l’attention, le temps et les libertés fondamentales.
  2. Écologique : protéger et régénérer les écosystèmes par des pratiques sobres, circulaires et respectueuses des limites planétaires.
  3. Culturel : soutenir la diversité culturelle, la création, le dialogue, la pluralité des récits et le sens partagé.
  4. Politique et institutionnel : préserver, renforcer et revitaliser la démocratie, la légitimité institutionnelle et la responsabilité publique.
  5. Économique : favoriser une valeur juste, locale et circulaire, la propriété partagée et la résilience communautaire.
  6. Scientifique et savoirs : garantir une information fiable, le partage des connaissances et une innovation responsable.
  7. Numérique : promouvoir un numérique responsable, renforcer la souveraineté numérique, la transparence, la confiance et les infrastructures partagées.

Licence de gouvernance et ouverture

Le RAF est publié sous la RAF Open Governance License (RAGL), une licence de gouvernance conçue pour maintenir le cadre ouvert, largement utilisable et protégé contre les abus ou la capture.

RAGL 1.0

  • Libre usage et adaptation : toute organisation peut utiliser ou adapter le RAF à condition de citer la source et de republier sous la même licence.
  • Intégrité du cadre : la finalité, les principes fondamentaux et les sept champs doivent rester intacts. Le RAF et ses dérivés doivent rester ouverts et non privatisables.
  • Aucune capture ou extraction : le cadre ne peut être approprié, monétisé de manière extractive ni transformé en système propriétaire.

Le RAF constitue une fédération volontaire fondée sur la coopération, l’interopérabilité et l’apprentissage mutuel entre groupes autonomes.

Pourquoi s'approprier le RAF ?

Face à la fragmentation, à la surcharge et à la défiance, le RAF propose une architecture neutre, humaine et structurante, capable de relier personnes, disciplines et causes. Il transforme des efforts dispersés en un mouvement cohérent de renouveau et offre un cadre commun pour traverser ensemble une transition nécessaire vers des systèmes plus autonomes, résilients et justes. Il constitue également une alternative concrète à la polarisation croissante qui fragmente nos sociétés.

En ce sens, le RAF n’est pas seulement une grille de lecture mais un outil que chacun peut s’approprier, qu’il s’agisse d’individus, de collectifs, d’institutions ou de territoires. Il offre une alternative constructive et permet de clarifier où agir, avec qui coopérer et comment aligner les initiatives existantes pour engager une évolution réellement partagée. Là où vous êtes, avec les moyens dont vous disposez, vous pouvez utiliser le RAF pour orienter vos décisions, mutualiser vos efforts et contribuer concrètement à cette transition, un lieu, un système et un engagement collectif à la fois.